Philippe BERNARD - Géologue - Géomorphologue
Expert préfectoral en risques naturels
Philippe BERNARD - Géologue - Géomorphologue
Expert préfectoral en risques naturels
Fig. 22 à 24 : photos prises du plateau de la Serre sur les anciennes zones lacustres I1/I2.
Fig. 25 : Panorama de la dépression I1/I2 pris de la surface du plateau de Fabas (188 NGF), diverticule ancien noté Fv accolé au-dessus de la terrasse Fw2 de la Serre.
Fig. 26 : Plateau de Fabas. Les photos 22 à 25 sont prises du sud du belvédère.
Noter sur les photos ci-après la largeur de la fracturation verticale des diaclases disjointes et démantelées de ces grès et micro-conglomérats contraire à leur mode de dépôt fluviatile originel (stratication entrecroisée ondulant autour de l’horizontale), Ce phénomène résulte en partie du glissement généralisé des marnes sous-jacentes mais aussi peut-être de séismes consécutifs à la percussion. Ces roches de surface ne présentent pas de traces évidentes d’érosion éolienne malgré la soi-disant déflation.
Fig. 27 : Vue en coupe des mêmes roches (4 à 5 m).
Fig. 28 : Idem. Grès disloqués de la fig.25 vus du haut, permettant d’évaluer les mouvements subis par des roches réputées compétentes et en principe seulement stratifiées subhorizontalement avec entrecroisements obliques.
Fig. 29: Terrasse de la Serre notée Fw2 sur la carte géologique de Lézignan. Elle coiffe les grès précédents sur plusieurs mètres. Quartz patinés minéralisés, bréchiques, plus ou moins roulés, omniprésents et contraires en cela à la grande diversité des roches hercyniennes de la Montagne Noire d’où ils devraient en principe provenir (voir photos ci-après).
Commentaires :
Cette terrasse pentée longitudinalement de façon régulière vers l’Aude et transversalement de l’Argent-Double, son affluent, semble issue de ce gros ruisseau descendu de la Montagne Noire. Or, la prospection menée à son débouché à Caunes-Minervois dans la vallée tertiaire ne montre aucune roche comparable à celles de la terrasse de la Serre (schistes abondants, calcaires, quartz blanc classique etc…).
On peut dès lors se demander si les roches visualisées ci-après ne sont pas des éjectas de la comète venus se fracasser suivant leur taille sur le replat de la terrasse déjà en place depuis le Riss ou le Mindel.
Fig. 29-1 : éléments de quartz agglomérés (photo centrale) formant un cylindre, affectés de cannelures périphériques excluant certainement une usure prolongée dans l’eau.
Fig. 29-2 : éléments de quartz agglomérés avec à la base un semis de cristaux de quartz. Bloc non roulé.
Fig. 29-3 : brèche quartzeuse colorée comme ci-dessus par les intempéries fini-würmiennes.
Fig. 29-4 : Brèche quartzeuse vaguement émoussée contenant quelques minéraux grisâtres et des hydroxydes ferriques. Nombreuses perforations provenant d’une dissolution de certains minéraux ou d’une agression par les vents de la fin du Würm.
Fig. 29-5 : Brèche non roulée, riche en fer (?)
Fig. 29-6: bréche quartzeuse émoussée (renfermant des grès-quartzites : Eocène métamorphisé)?
Fig. 29-7 : galet fortement éolisé. Quartz broyé en partie basse.
Fig. 29-8 : galet émoussé, éolisé, montrant en partie basse la juxtaposition de cristaux de quartz et à droite de minéraux altérés disposés perpendiculairement.
Fig. 29-9 : bloc peu émoussé, caverneux, avec plaquage minéralisé.
Fig. 29-9b : bloc quartzeux peu émoussé, caverneux, renfermant des cristaux gris indéterminés.
Fig. 29-11 : Quartz bréchique tapissé d’une gangue bleu-vert indéterminée.
Fig. 29-12 : Quartz patiné d’ocre au Würm accolé à une masse minéralisée noire.
Les 3 photos suivantes proviennent du même élément.
Fig. 29-13-1 : bloc émoussé, composé de 2 roches accolées selon un plan.
Fig. 29-13-2 : base de la partie sénestre : grès quartziteux probable, cavernicole, non calcaire.
Fig. 29-13-3 : partie dextre : granules quartzeux cimentés.
Les quartz minéralisés des photos ci-avant pullulent sur le plateau de la Serre. Souvent cassés, certains blocs peuvent cependant dépasser 30 cm mélangés à du sable limoneux. Les conditions climatiques périglaciaires se marquent ici classiquement par la dominance de la couleur ocre de la patine. Aucun dreikanter n’a en revanche été découvert sauf de très rares spécimens au nord du marais de l’Estagnol (fig. 103 et 104) en crête de son versant abrupt nord.
b) Mais surtout l’argument décisif est que l’affaissement, qu’il ait été soudain ou pas, ancien ou pas, a dès son apparition été comblé d’eau et/ou de glace issues:
-des infiltrations de la nappe phréatique perchée de l’Aude par le biais de la perméabilité des grès, poudingues etc.
-des eaux du bassin versant couvrant près de 100 km2.
-des invasions possibles tardives des crues de l’Aude par le col de la dépression de la Rigole seulement haut de +12.5 m par rapport à l’Aude à Puichéric.
Remarque importante : alors que l’Aude domine largement l’ex-étang à l’ouest à 60 NGF, elle est parvenue, par une pente rapide à profil concave, à rattraper son décalage (50 NGF à Puichéric) d’où son assèchement rendu possible par la Rigole.
c) Fort de cette remarque, trois conclusions supplémentaires s’imposent dès lors pour la période glaciaire concernée:
- le lac devait être fréquemment gelé donc impossible à surcreuser par le vent,
- le permafrost périphérique lui aussi gelé fréquemment bloquait la déflation.
- et enfin la granulométrie des galets des poudingues (jusqu’à 50 ou 60 mm), ne se prêtait guère à un « envol » mais plutôt à une neutralisation et au bloquage du creusement par leur accumulation en fond.
Enfin pour terminer, les versants les plus raides exposés au nord ne sont pas perpendiculaires au vent dominant würmien venu a priori surtout de la Méditerranée.
Remarque : cette observation découle de la salinité des sols et de la compréhension du modelé des sables des barkhanes des déserts sableux par exemple.
Aujourd’hui il est nécessaire d’alimenter paradoxalement la cuvette en eau pour assurer à la fois le dessalement et l’irrigation des terres à l’aide des eaux de l’Aude prélevées par une galerie souterraine à l’amont de l’écluse de Marseillette.
Remarque : l’origine du sel est à rechercher dans les embruns du « marin » captés par les eaux ou les glaces du lac rendues ainsi saumâtres. Ce vent venait de la Méditerranée toute proche, plus basse de 120 m qu’aujourd’hui -tout au moins au plus fort de la fin de la glaciation- et sans doute renforcé par les vents catabatiques venus des Pyrénées. En revanche, les terres situées au nord de St Frichoux en sont totalement dépourvues, la transition se faisant sur moins de 50m à St Roch (d’après le propriétaire des terrains de la ferme) en raison de leur enfouissement progressif vers le sud dont elles ont fait l’objet.